La sérendipité dans l’entreprise

Vous est-il déjà arrivé de trouver la solution à un problème sous la douche ou de l’avoir en tête au réveil ? Peut-être une idée, survenue au hasard d’une conversation qui n’avait rien à voir ? Alors vous avez fait l’expérience de la sérendipité ! Parlons un peu de ce mot qui n’était même pas dans le dictionnaire en 2016. Mais avant ça, rendons à César ce qui est à César. C’est Elodie du blog Doucemelodie qui m’a soufflé cette idée dans un de ces posts Instagram. Je n’avais jamais entendu ce mot mais quand ça touche à la créativité et au management, je ne peux résister !

 

Alors qu’est-ce que c’est ?

Le mot sérendipité vient de l’anglais serendipity, qui signifie « don de faire des trouvailles ». La sérendipité c’est « faire des découvertes, par accident et sagacité, de choses que l’on ne cherchait pas » -Horace Walpole 1754-. C’est-à-dire qu’on fait une découverte par hasard ou accident mais qu’on est capable de détecter cette découverte. Pour faire court, c’est un peu notre « quand on ne cherche pas, on trouve ».

Bon ok, vous allez me dire, pas de quoi en faire un article ? Et bien figurez-vous que si. La sérendipité est un peu la nouvelle coqueluche des managers new wave ! Mais avant de parler de management, je veux surtout vous expliquer comment ils se sont appropriés ce termes.

Au départ, ce terme était utilisé par les bibliomanes pour qualifier leurs découvertes littéraires inespérées. Puis, vous vous en doutez, la science s’est emparé du concept. Autant pour la découvertes des Amériques que pour le viagra -vous ne le savez peut-être pas mais à la base, les scientifiques cherchaient un médicament contre l’angine de poitrine. C‘est en faisant les tests qu’ils se sont rendus compte que ça avait une tout autre utilité-. 

Après la science, la technique, la politique mais aussi le droit ont leurs moments serendipiteux – oupsss je crois que ça n’existe pas-. Mais passons plutôt à ce qui nous intéresse ici, à savoir, son utilisation en management.

 

Provoquer la créativité

La sérendipité est en fait un processus qui permet d’arriver à une découverte. Un réel processus créatif qui a été étudié par l’université de Londres. Ils ont étudié diverses expériences heureuses de sérendipité et ont constaté que deux conditions devaient être réunies pour arriver à la découverte :

  • La capacité à reconnaître une opportunité lorsqu’elle se présente
  • L’action pour tourner celle-ci en quelque chose de concret

Il faut donc faire participer des individus assez ouverts, curieux et capables de voir ce que d’autres ne verraient pas. La question de l’action est bien sûr essentiel, puisque le but est évidemment d’utiliser ces nouvelles idées.

Utiliser cette méthode de création permet :

  • d’augmenter la curiosité et la créativité des individus
  • de favoriser l’ouverture d’esprit et la flexibilité intellectuelle
  • de mettre en place un processus de veille sur un sujet pour créer des opportunités

Vous l’aurez compris, c’est une aubaine pour toutes les sociétés ! Alors, puisqu’on parle de « hasard », comment le mettre en place ?

 

Comment l’utiliser en entreprise

Il n’y a pas de méthode toute prête mais comme disait Louis Pasteur :

« La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés »

Alors, préparons nos esprits ! Voici quelques pistes avec des exemples assez concrets :

L’aménagement du temps de travail

Je vais vous donner un exemple très concret : Google ! On connait tous le mythe de l’entreprise Google, où les salariés ont accès à tout un tas de choses très très cool : babyfoot, terrain de tennis, salle de sport, salle de sieste, …ect ect

Evidemment, toutes ces infrastructures sont là pour que le salarié se sente bien, reste plus longtemps sur son lieu de travail et donc soit plus détendu et créatif. Mais là, je vais vous parler des 20% de leur temps de travail qui leur sont « offert » pour réaliser leur projet personnel sur leur lieu de travail. L’objectif, n’est pas de payer les gens à ne rien faire mais leur permettre de penser à autre chose, d’avancer sur leur projet tout en restant au sein de l’établissement. Le fait de rester dans leur environnement de travail et d’être payé à ce moment là, conditionne l’esprit à ne pas décrocher complètement.  Ils sont donc « en veille » sur leur problématique de travail sans qu’ils s’en rendent compte. Ici, l’entreprise tente une approche différente du projet en cours. Faire autre chose ouvre l’esprit, développe la curiosité. Ils essayent de provoquer le hasard. Je suis sûre que ça vous ai déjà arrivé de bloquer sur quelque chose et du coup de le laisser de côté quelques temps afin de revenir avec un regard neuf ? Et bien c’est ça que l’entreprise Google essaye de reproduire.

Autre exemple, le télétravail. Cela devient de plus en plus tendance aujourd’hui et de plus en plus d’entreprises autorisent une journée par semaine de travail à la maison. Au départ, cette méthode est surtout bénéfique pour la productivité -on adore ce mot en France- mais cette forme de travail est aussi bénéfique pour la créativité. Le lieu de travail étant à notre goût, aménagé à notre manière cela favorise grandement notre créativité. Je vous prépare d’ailleurs un article à ce sujet.

 

travail

L’aménagement de l’espace

Comme dit précédemment, l’aménagement de notre espace de travail compte beaucoup dans notre processus créatif. Nous travaillons maintenant quasiment tous en openspace pour favoriser les échanges. Ils sont d’ailleurs de plus en plus innovants avec des parois insonorisantes pour ne pas avoir les inconvénients de l’openspace. Mais ce n’est pas finalement retourner à nos bureaux classiques ?

Pour favoriser réellement de travail en groupe ou les échanges entre services, il est préférable d’aménager différents espaces ou les gens peuvent travailler comme ils le souhaitent. Un espace avec des canapés par exemple, ou n’importe qui peut venir avec son ordinateur portable pour travailler. Il faut favoriser les lieux ou peuvent se croiser un comptable et un informaticien, un marketeur et un commercial…

Alors oui, certains diront que si c’est un espace canapés, c’est un espace de repos et du coup les gens vont être moins productifs -encore ce mot !!!!- mais pour que les nouvelles idées puissent surgir il faut prendre quelques risques !

 

En interne

Les brainstormings multi-services où on convie des personnes de services qui n’ont rien à voir avec le thème abordé. Cela permet de sortir des carcans, de sortir de nos certitudes. Et oui, parce que quand on est « expert » sur un sujet on a souvent beaucoup de convictions.

Les shadow codir ou comité de direction caché. Certaines entreprises forment un « faux » codir avec des salariés de la génération Y -les personnes nées entre 1980 et 2000 dont je fais partie-, soit plus jeunes et avec un mode de fonctionnement différent puisque nous sommes nés avec le numérique. Le vrai codir et le faux codir auront les mêmes ondes du jours, les mêmes sujets à aborder mais les méthodes et les prises de décisions seront sans doute différent.

 

réunion

Ne pas oublier l’extérieur de l’entreprise

On a souvent tendance à faire le maximum de choses en interne. La peur de la concurrence, l’orgueil du dirigeant qui veut que l’idée vienne de son entreprise, mais en faisant ça on se ferme à tout ce que peut nous offrir le monde.

1- La coopération entre entreprises concurrentes pour échanger les compétences commence à être pratiquée. Ça peut paraître un peu dangereux mais toutes les entreprises qui ont un grand besoin d’innovation se retrouve parfois dans une impasse et doivent trouver d’autres pistes.

2- Les living labs sont utilisés dans le domaine scientifique. Ce sont des labos regroupant le dirigeant de l’entreprise,un chercheur qualifié et une personne extérieure au projet et non qualifié sur le sujet. Le but étant de faire participer des personnes extérieures au projet pour le voir sous un regard différent.

3- Les hackathons se développent aujourd’hui dans tous les domaines. Au départ les hackathons regroupaient des développeurs web pour réfléchir et coder sur un projet. Maintenant, c’est ouvert à tous les sujets. On regroupe donc des gens de tout horizon : littéraire, business, digital,… et on réfléchit, on brainstorme sur un projet, une idée… On en organise d’ailleurs un avec Nath pour monter le business modele de notre société qui verra le jour en 2018. Nous seront une dizaine de personnes, soit deux ou trois groupes. Nous allons leur donner les informations principales et chaque groupe va penser à sa manière. Le but est d’avoir plusieurs idées à la fin du week-end.

4-Les opencafés sont tout aussi intéressants. Une date, une heure, un café. C’est ouvert à tout le monde et les gens viennent échanger sur leur projet en cours. Il y a des experts dans des domaines très différents. On repart donc avec des conseils mais aussi des points de vue très variés qui ouvre notre champs de réflexion.

5-Les réseaux sociaux, tout simplement. Ils favorisent l’échange et surtout permettent de découvrir de nouvelles choses. C’est autant de pistes de réflexion pour booster notre créativité.

 

Pour tout le monde ?

Peut-on l’appliquer à toutes les entreprises ? Oui et non. Il faut tout même avoir un besoin d’innovation sur son produit ou son service. Cela ne fonctionnera pas si l’enjeux n’est pas de trouver de nouvelles idées.

On peut penser que les grandes structures auront plus de facilités à mettre ce processus en place. Effectivement, elles disposent de ressources humaines beaucoup plus importantes et donc ont devant eux 1001 façons de voir les choses ; c’est une réelle aubaine pour elles.  Cependant, très souvent ces sociétés ont davantage de règles, de procédures et, du coup, il est parfois difficile de changer les choses et de libérer la réflexion et la parole des gens.

Par contre, pour les petites structures, il est très important de prendre possession de la sérendipité. Surtout en ce qui concerne la relation avec l’extérieur. Lorsqu’on est un ou deux à diriger, on se sent parfois seul et il est important de s’ouvrir aux autres pour prendre du recul et y voir plus clair. La sérendipité est certainement plus importante pour les PME/PMI que pour les grands groupes.

Pensez-vous que la sérendipité va se démocratiser ?

Et toi, le chef d’entreprise, tu pratiques déjà cette méthode ?

Et quelle est la dernière idée que vous avez eu au moment où vous ne vous y attendez pas ?

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